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Mais c’est quoi mon modèle économique ?


Voilà, voilà, quand on crée son activité indépendante, si jamais on se fait accompagner, on nous parlera de benchmark, de business canva, de modèle économique et tout, et tout… Oui, j’ai aussi demandé ça à des gens que j'accompagnais moi-même. Mais aujourd'hui, je ne peux pas aller sur cette voie. Ces modèles qui finalement ne visent qu’à produire de la croissance vont à l’encontre de l’intention que j’ai mise dans mon activité : participer à construire une société humaine plus résiliente et en synergie avec le vivant et sa planète. Et bin aujourd’hui, nous savons que c’est précisément l’emprise que nous avons sur notre milieu qui le détruit et risque de le rendre invivable pour notre espèce et un grand nombre d’autres êtres vivants. Aller vers la construction d’un modèle économique classique, qui tendrait vers une participation à la croissance globale des activités humaines, me projetterait inévitablement dans une dissonance cognitive et écrabouillerait d’emblée mon intention première !


Ha bin oui, mais quand même, faut bien manger !

Oui, oui ! Manger, et boire aussi, et avoir un toit sur la tête, et de quoi se vêtir : les besoins de base. Ceux-là faut que je les combles dans tous les cas ! Et puis il y a tous les trucs obligatoires du fait de la réglementation, de notre organisation sociale… : les assurances, les impôts, les abonnements aux réseaux eau, énergie... téléphonie, internet… et j’en passe. Non, décidément, je ne peux pas vivre d’amour et d’eau fraîche ! Mais quoi faire alors si tu ne fais pas une programmation type “modèle économique, plan stratégique...” pour combler tous ces besoins et engagements financiers ? Humm… bonne question… je crois que j’ai pas mal de trucs à désapprendre d’abord ! Désapprendre à croire que certaines choses sont des besoins alors que pas forcément ! Et puis réfléchir à comment je fais autrement, alternativement ! Essayer d’alléger ma dépendance à l’argent, celui qui alimente tous les circuits de la croissance destructrice du berceau de la Vie. Oh whaou !

Mais comment je fais ça ? Je risque pas de me mettre en danger là ?

Bin si, mais sans risque, je crois qu’on ne fait vraiment rien de nouveau. Si ?


Bon déjà, y a 5 ans, quand je me suis retrouvé à mi-temps forcé, donc à mi-salaire forcé aussi, avec mes deux enfants à entretenir, finalement je ne m’en suis pas si mal sortie. Déjà ça faisait 3 ans que j’étais dans mon AMAP à chercher à consommer local et direct producteur. Ça m'a permis de bien manger et moins cher qu’en achetant en magasin. Et ce panier qui arrive chaque semaine avec des légumes que je n’ai pas choisis, il lutte bien contre l’enfant gâté qui est en moi depuis l’enfance. Celui qui avait l’habitude d’être devant la profusion des supermarchés et le choix quasi infini de ce que je mettrais dans mon caba. Et bien, j’ai réellement adoré le contrarier, cet enfant gâté, qui est d’ailleurs assez tyrannique ! Il fait des caprices pour avoir ses tomates et ses fraises en plein mois de janvier, il ne veut pas laver et éplucher les carottes avant de les manger. Il me disait : mais t’as pas le temps de faire tout ça ! Bin, si en fait, le temps je l’ai pris. Et puis quand le mi-temps est arrivé, bin le temps, je l’ai eu.


Se réapproprier le temps, ça c’est une piste pour commencer à s’émanciper des fonctionnements que nous impose cette société.


Et puis petit à petit on a laissé tomber la plupart des produits transformés. La plupart, pas la totalité. On y va petit à petit, faut s’apprivoiser dans les nouvelles façons de vivre. D’abord, arrêter d’acheter des biscuits tout faits. Les enfants râlent : “- bin si vous en voulez, faites-en !” C’est ce qu’ils font. Bon, ils en mangent beaucoup, beaucoup moins qu’avant. Mais quand c’est le cas, c’est issu de leurs mains ! Ensuite, on arrête les yaourts et autres entremets en pot qui ont fait 5000 km pour arriver jusqu’à nous. D’abord, je trouve une yaourtière d'occasion. La dame qui me l’a vendu, l’avait utilisée 3 ou 4 fois. Et vas-y que faire 7 yaourts, ça prend genre 5 minutes + une nuit dans la yaourtière. Parait que c’est vachement bon (dixit le mangeur de yaourts de la maison, moi j’aime pas ça). Je fais aussi le riz au lait, ce qui prend aussi 5 minutes de préparation, 1h30 de cuisson et une nuit de repos. C’est tellement simple ! Pareil pour les compotes avec en plus le lavage et coupage des fruits (je ne pèle pas). Bon, le problème, c’est que c’est tellement bon, que ça dure moins longtemps que les produits industriels. Ohlala, je m’égare dans des détails que je peux résumer comme ça : bref, j’essaie de faire par moi-même, de réparer, fabriquer, baisser ma consommation de produits manufacturés. Parce que ce sont ceux qui consomment le plus notre planète, qui sont les plus nocifs pour notre santé et qui nous coûtent le plus cher !. Et toutes ces habitudes du toujours plus, toujours mieux et toujours plus vite, ça, ça prend du temps à déconstruire.


Bon, baisser sa consommation et son emprise écologique, déjà, ça fait baisser mes besoins monétaires !

Ok, quoi d’autre ? Alors, un autre choix que j’ai fait c’est de chercher à me déconnecter des réseaux classiques pour l’eau et les énergies. Rien n’est encore réalisé, tout reste à faire. A priori, ce sera l’énergie du véhicule motorisé pour lequel je risque de ne pas pouvoir faire grand chose… Pour le reste, bin, je vous raconterai.

Et puis quoi encore ? Pour tes activités de formation et d’accompagnement, tu ne te fais pas payer ? Bin si ! Bin, non ! Enfin..., ça dépend ! En vrai, j’ai encore bien besoin de rémunération en argent. Donc, je troque mes prestations comme ça aujourd’hui, en euros. Mais, je ne propose pas de tarifs à proprement parler. Pour deux raisons. D’abord parce que j’aime m’adapter aux besoins de chaque demande, ce qui suppose que je ne peux pas chiffrer avant d’avoir fait le tour des besoins et, aussi, parce que je ne veux pas “vendre” des prestations. Je veux participer à des choses que je trouve valables, précieuses, toujours dans mon fil conducteur : la résilience sociétale. Je ne ferai donc pas de prestations toutes faites, toutes préformatées, et du coup, tarifées à l’avance !


Explorer du nouveau !

Ensuite, j’ai plein de pistes à suivre pour imaginer d’autres façons d'échanger mes contributions contre quelque chose. Évidemment, il y a le troc, que je n’hésiterai pas à utiliser quand l’occasion se présentera. Il y a aussi l’économie du don que certains expérimentent déjà notamment au travers de la plateforme Tipee. Après, si jamais je me décide à proposer des ateliers collectifs thématiques ouverts à tous, je crois que j’utiliserai la participation libre et consciente. Je trouve que le principe est bien, parce qu’il permet à ceux qui ont des moyens faibles de faire des choses qui ne leur sont pas accessibles autrement. Mais aussi, parce que dans cette configuration, chacun est obligé de prendre sa responsabilité et sa conscience pour décider à quelle hauteur il contribue en fonction de ce qu’il a comme moyens et de ce qu’il va en retirer ! Une autre piste c’est les monnaies locales et les monnaies libres. Depuis un peu plus d’un an, je suis dans la June G1, le concept est prometteur parce qu’en plus d’être une monnaie déconnectée des monnaies classiques (donc pas indexée dessus), cette cryptomonnaie est calibrée pour éviter la spéculation et pour générer un revenu universel ! Nous ne sommes pas encore assez nombreux à l’utiliser mais vraiment, j’espère qu’elle va se développer !


Voilà, plein de pistes, beaucoup de réflexions à avoir et de tests à faire. C’est ça “aller vers un autre monde” : remettre nos certitudes en cause, prendre le risque d’explorer des chemins peu empruntés et garder sa ligne directrice. On verra bien où ça mène !


Ha oui, et puis, je ne suis pas toute seule à me poser ces questions ! Sur ma route, j’ai rencontré un groupe de facilitateurices impliqué.e.s dans la transition qui se réunissent régulièrement autour de ces questions de modèles économiques à réinventer !! Par ici vous pouvez les rencontrer vous aussi. Venez nous rejoindre !


Seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin !


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